À Villeneuve-lès-Avignon, la fiscalité locale est depuis trop longtemps un sujet tabou, que l’on préfère contourner plutôt que d’affronter. Pourtant, les chiffres récents ne laissent aucune place à l’ambiguïté : notre ville se distingue tristement parmi les communes les plus taxées de France.
-
Taxe foncière sur les propriétés bâties : 56,63 %, contre 37,3 % en moyenne nationale.
-
Taxe foncière sur les propriétés non bâties : 115,63 %, presque le double de la moyenne française (60 %).
-
Taxe d’habitation sur les résidences secondaires : 14,83 %, quand la moyenne nationale atteint 20,5 %.
Villeneuve fait le choix de surtaxer ses habitants permanents, en particulier les propriétaires et les jeunes ménages, tout en ménageant les résidences secondaires. Un modèle fiscal profondément déséquilibré, qui pénalise l’installation durable des actifs et encourage, de fait, une ville vieillissante et inégalitaire.
Les conséquences visibles d’une politique figée
Les résultats sont là : en 2021, les plus de 60 ans représentaient plus de 37 % de la population, soit bien au-dessus de la moyenne nationale, tandis que les moins de 30 ans étaient limités à 26,5 % (INSEE). Ce déséquilibre démographique n’est pas une fatalité liée à la seule géographie ou à l’attractivité de la région : il est alimenté par un système fiscal dissuasif, qui renchérit l’accession à la propriété et le coût de détention foncière.
Les primo-accédants et les jeunes familles, souvent déjà confrontés à un marché immobilier tendu, trouvent à Villeneuve des conditions encore plus inhospitalières. À l’inverse, cette fiscalité favorise le maintien, voire l’arrivée, d’une population plus âgée et aisée, souvent déjà propriétaire, renforçant le cercle vicieux d’une pyramide des âges déséquilibrée.
Une fiscalité sans projet collectif
Le plus grave n’est pas seulement le niveau d’imposition, mais l’absence de vision qui l’accompagne. Car si ces recettes supplémentaires finançaient des services à la hauteur des attentes de l’ensemble de nos concitoyens, on pourrait au moins y voir une logique d’investissement économique, environnemental et social. Or, ce n’est pas le cas et force est de constater que les choix opérés n’ont pas permis de bâtir à ce jour une politique publique tournée vers l’avenir. La réfection du centre-ville, bien qu’importante, ne peut tenir lieu de vision d’avenir : il faut un projet global, pensé à l’horizon des 20 à 30 prochaines années, pour assurer un développement équilibré de Villeneuve.
On voit par ailleurs que le niveau relativement faible de la taxe d’habitation sur les résidences secondaires traduit une stratégie tacite : celle d’encourager un parc de logements occupés seulement quelques semaines par an, ou captés par la location touristique de courte durée. Autant de mètres carrés qui échappent à la vie quotidienne de Villeneuve, à son tissu social, à ses familles.
Mettre fin à une trajectoire avec si peu d’avenir
Cette trajectoire n’apporte pas de bénéfice durable :
-
À court terme, elle alourdit le quotidien des habitants sans améliorer les services.
-
À moyen terme, elle fragilise le dynamisme démographique et économique de la ville.
-
À long terme, elle condamne Villeneuve à devenir une cité vieillissante, coupée des besoins réels des générations à venir.
Il est temps d’infléchir cette logique de rente immobilière qui prive la collectivité d’un avenir équilibré et vivant. La fiscalité locale doit redevenir un outil au service du projet communal, non une barrière invisible qui exclut les jeunes familles et sclérose notre ville. Les premières analyses des données d’urbanisme confirment déjà l’empreinte de la politique fiscale actuelle. Nous publierons bientôt un article spécifique pour en détailler les conséquences.
Villeneuve a besoin d’autre chose : une fiscalité plus juste, plus équilibrée, qui accompagne l’installation d’actifs, encourage le renouvellement générationnel et finance les équipements collectifs dont nous avons besoin. C’est à cette condition que notre ville pourra retrouver un élan, au bénéfice de toutes et tous.
