Le commerce du centre historique à la peine: un chantier à ouvrir.

Le centre historique de Villeneuve‑lez‑Avignon traverse une période délicate. Avec huit commerces sur le point de fermer à ce jour et aucune délégation municipale dédiée à l’activité commerciale, la vitalité du cœur de ville est aujourd’hui menacée. Pourtant, le commerce reste un pilier essentiel pour l’attractivité, la vie locale, l’accompagnement des activités culturelles… 

Ce chantier sera donc ouvert pour les commerçants et pour la ville en formulant des propositions concrètes et réalistes pour les soutenir. Nous le ferons en évitant de les solliciter directement, car l’expérience montre aujourd’hui que beaucoup d’entre eux n’osent  pas s’exprimer publiquement par crainte de représailles ou de pressions de la majorité municipale actuelle. Notre objectif est donc de porter leur voix avec respect et prudence, en s’appuyant sur les constats partagés et les besoins du terrain.

De la question du Centre Ville: Villeneuve refait ses pierres, mais oublie ses vitrines

Le centre-ville de Villeneuve-lez-Avignon n’a cessé de s’embellir au fil des décennies à l’aide de nos impots : rénovation des places, réfection des rues, mise en valeur du patrimoine… Mais cet effort esthétique s’est fait sans stratégie commerciale, longtemps considérée comme secondaire. Peu à peu, comme ailleurs dans l’agglomération, la vie économique du cœur de ville et des autres quartiers a été reléguée vers les zones d’activités périphériques et les centres commerciaux, conséquence de décisions majoritaires successives ayant favorisé l’étalement plutôt que la vitalité locale. A y réfléchir, il serait intéressant de redonner une fonction vivante à notre centre urbain, en faire plus qu’un décor, un lieu de rencontres, d’échanges, de flânerie et de convialité.

En s’arretant quelques instants pour observer la scène de vie, on constate rapidement qu’il est difficile pour chacun de profiter pleinement du centre historique quand la circulation y est dense, rapide et non régulée, rendant impossible une cohabitation apaisée entre les différents usages.
Cette configuration est à la source d’un conflit permanent entre automobilistes et autres usagers, qu’ils soient restaurateurs, promeneurs, cyclistes ou visiteurs. Les terrasses se replient derrière des alignements de plots en même temps que les piétons, les enfants zigzaguent entre les voitures : l’espace public devient quotidiennement un champ de tensions plutôt qu’un lieu de vie. Il faudrait repenser tout cela en intégrant une passification incontournable de la circulation pour faire du centre ville une vraie zone de rencontre où la circulation serait suffisamment ralentie pour dissuader les GPS d’en faire un simple axe de liaison. 

Cette pacification passera par des aménagements pensés pour les riverains, les commerçants et les piétons. Il s’agira de rendre l’espace plus agréable, plus accessible et plus sûr, en privilégiant la vie locale plutôt que le transit automobile : bancs, fleurs, fontaines, zones d’ombrage pour se protéger de la chaleur. Grâce à une ingénierie urbaine cohérente, impulsée par les services de la ville, ces aménagements devraient permettre de retirer les innombrables plots, de désenclaver terrasses et commerces et d’ouvrir enfin la voie aux piétons, en réservant la circulation aux seuls riverains et usagers commerciaux.

Mais rendre le centre plus agréable le jour ne suffit pas : encore faut-il qu’il vive le soir. C’est en prolongeant la présence des habitants et des visiteurs parfois après 19 heures que les commerces, les terrasses et la vie locale retrouveront un souffle, si ils le souhaitent. Et de là pourra s’enclencher un ensemble d’évènements à imaginer, organiser, plannifier et à optimiser ensemble au fil des saisons. 

Du réflexe à la stratégie : passer de l’improvisation à la vision

Pour que Villeneuve retrouve de la vitalité, au delà des transformations évoquées, il ne suffit plus d’enchaîner les animations ponctuelles ou les initiatives isolées en exploitant les associations au gré de subventions exceptionnelles.

Un cadre commun serait approprié, une dynamique continue capable de faire vivre la ville au gré des saisons sans mettre les différents acteurs, parfois en concurrence. Pour prendre un exemple, le festival Villeneuve en Scène illustre parfaitement ce potentiel encore sous-exploité : événement phare de l’été, il génère peu de retombées pour les commerces du centre historique, concentrant la vie culturelle dans la plaine. Mieux articulé avec la ville — par exemple via un partenariat renforcé avec Totout’Arts, notre centre social, un point convivial ou une navette reliant la plaine au centre ancien — il pourrait devenir un moteur de lien entre culture et commerce. Egalement dans cet esprit et pour second exemple, le rassemblement des foodtrucks qui se trouve être belle réussite populaire à laquelle nous prenons part régulièrement, doit être maintenu tout en restant limité aux lundis soirs — jour où la plupart des restaurants sont fermés —, à l’exception des cas où le lundi coïncide avec une journée festive, afin de préserver un juste équilibre entre attractivité, convivialité et respect du tissu local.

Cette vision doit réunir la culture, la gastronomie, l’environnement, le patrimoine, le sport, l’amusement… dans un même élan : autant de dimensions qui, ensemble, façonnent une identité vivante et partagée. Un calendrier bien pensé pourrait ainsi marier une succession de rendez-vous allant du printemps à l’hivers, en synergie avec commerces, patrimoines, infrastructures et bonne humeur collective via une organisation pérenne, un espace de travail collectif où se croisent les idées, les compétences et les énergies locales — un lieu de coordination capable d’assurer la cohérence, d’accompagner les acteurs et de donner du sens à chaque action. Dotés de ces outils à financer sur un budget constant, totalement repensé en faveur d’un dynamisme ouvert et non plus d’un entre-soi qui limite les possibles, Villeneuve pourra passer de l’improvisation à la vision, et devenir une ville animée, accueillante et inspirante, où chaque saison a sa couleur et chaque habitant, la place qu’il souhaite avoir. Le centre historique de Villeneuve-lez-Avignon n’a pas juste vocation à être admiré : il doit être vécu, partagé, fréquenté. C’est là que se joue une grande part du renouveau de la ville, dans cette capacité à faire revivre son cœur pour redonner du souffle à tout le reste. Et dans ce “reste” se trouvent les activités commerciales des autres quartiers, qui s’animent dans des environnements différents et ne doivent pas être oubliées : elles feront l’objet d’une réflexion dédiée.

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