Il y a une décennie, entre 2013 et 2014, la piscine intercommunale Camille Muffat faisait l’objet d’une rénovation lourde, pour un coût public de 3,4 millions d’euros. Présenté comme un projet ambitieux, cet investissement devait moderniser l’équipement, améliorer le service, répondre aux besoins du territoire.
Mais aujourd’hui, le bilan est décevant pour les usagers, quels qu’ils soient. À l’épreuve des faits, cette rénovation soulève maintenant plus de questions qu’elle n’a apporté de solutions.
Des travaux nécessaires… mais mal orientés
Qu’il eût fallu rénover les vestiaires vieillissants, moderniser la chaufferie et sécuriser les installations : personne ne le conteste. Mais fallait-il reconstruire entièrement le bassin extérieur, réaligner les bassins et engager des dépenses coûteuses sans repenser l’efficience énergétique de la structure dans sa globalité ? Les chiffres sont parlants : la piscine reste mal isolée, énergivore, et sous-dimensionnée pour une structure intercommunale comme cela a été évoqué en conseil municipal (CM 16/12/2021 – CM 15/12/2022), avec une capacité maximale limitée à une centaine de personnes, bien en deçà des attentes des clubs, des écoles et des habitants. Nombreux peuvent en témoigner aujourd’hui.
Un projet alternatif balayé d’un revers de main
Nous avons été surpris d’apprendre qu’avant la mise en oeuvre du projet actuel, des contre-propositions avaient été avancées pour un budget équivalent :
- Réfection des vestiaires et de la chaufferie (priorités partagées par tous).
- Rénovation globale des toitures et des isolations thermiques.
- Installation de panneaux solaires (thermiques ou photovoltaïques) et/ou d’un système micro-éolien pour diversifier les sources d’énergie, limiter les factures, moderniser la structure et impulser une politique locale de transition énergétique.
- Mise en place d’une couverture amovible sur le bassin extérieur, afin d’en permettre une exploitation toute l’année, au bénéfice des clubs, des écoles et du public.
Ces propositions ont été rejetées en invoquant un refus supposé des Bâtiments de France en raison du secteur sauvegardé. Or, une enquête récente montre que les Bâtiments de France n’ont jamais été consultés. L’argument était donc fallacieux. Et l’exemple récent du pumptrack installé sous le Fort Saint-André démontre qu’un tel équipement aurait très probablement été accepté.
Un service public affaibli
Dix ans après, qu’en est-il ?
- Les bébés nageurs ont été supprimés pour des raisons de coût énergétique.
- Les horaires d’ouverture restent très limités, réduisant l’accès au public, comme si l’on partait du principe que « tout le monde possède une piscine privée ». Ce n’est pas le cas, loin s’en faut.
- Les clubs et associations peinent à disposer de créneaux adaptés à leurs activités.
Les choix réalisés hier fragilisent aujourd’hui la pratique sportive et éducative (scolaires, jeunes enfants, clubs) en questionnant aussi le rapport à l’argent public : comment justifier un tel investissement si le service rendu demeure restreint et inefficace ? Tout le monde peut aujourd’hui le constater.
Dans une ville où la fiscalité est l’une des plus lourde de France, il serait souhaitable de reconsidérer la qualité de l’offre de service et donc de la piscine.
Un gâchis d’argent public
Au final, le seul volet vraiment utile de ce chantier reste la modernisation des vestiaires et du système de chauffage. Pour le reste, nous faisons face à un gaspillage de plusieurs millions d’euros, sans amélioration significative du service pour la population. Il est maintenant avéré que cet échec résulte de décisions politiques ayant fermé la porte à des solutions innovantes et durables, au détriment de l’intérêt général.
L’heure du bilan
Le collectif regrette les choix qui ont été réalisés alors qu’il y avait des alternatives bien plus appropriées pour répondre aux besoins de la population. Mauvaise anticipation et incapacité à conduire un projet ambitieux, moderne et écologique est une conclusion pouvant être tirée. Les conséquences se mesurent aujourd’hui sur la base de pratiques purement politiques où l’argument d’autorité (« les Bâtiments de France interdisent ») masque un manque de concertation et de courage. Dix années ont passé et le dossier devra être réouvert pour adapter l’équipement aux besoins des habitants, des scolaires, des vacanciers, … tout en l’inscrivant dans un projet environnemental d’envergure.