Le défi du lien entre générations à Villeneuve.

La municipalité annonce la création, dans la plaine de l’Abbaye, d’une aire de détente et de loisirs présentée comme “intergénérationnelle”.

Cette initiative est à saluer, mais elle aurait sans doute gagné à s’inscrire dans une démarche plus collective, associant un plus grand nombre d’élus et de citoyens. Un projet pensé à plusieurs peut en effet mieux refléter les besoins de toutes les générations et favoriser l’adhésion autour d’une vision commune.

Pour être pleinement efficace, cet espace ne devrait pas rester isolé, mais devenir une pièce maîtresse d’une politique municipale intergénérationnelle cohérente et durable. Il pourrait ainsi devenir un véritable levier de cohésion sociale et d’innovation citoyenne, s’il encourage des rencontres réelles et des activités communes entre les générations.

Construire une aire intergénérationnelle est donc une excellente idée, à condition qu’elle s’inscrive dans un projet global de ville, où les générations se rencontrent, se découvrent et se considèrent, plutôt que de simplement se croiser sans véritablement partager de moments.

Une dynamique déjà présente mais à structurer

Plusieurs acteurs locaux œuvrent déjà dans ce sens : le CCAS, le SIDSCAVAR, le centre social Tôtout’arts, ainsi que des associations comme El Manantial. Leurs actions contre l’isolement — téléassistance, portage de repas, accompagnement numérique, activités ludiques, etc. — sont précieuses.

Ces efforts gagneraient à être mieux coordonnés dans le cadre d’une stratégie partagée, permettant de mutualiser les énergies, de valoriser les initiatives, et de créer un impact plus durable.

Comment penser l’intergénérationnel dans la ville ?

En dédiant des espaces

Créer un lieu des générations dans un bâtiment communal, ou encourager des associations à consacrer une partie de leurs locaux à ce lien — via des subventions incitatives — constituerait une première étape.

Certaines villes ont déjà ouvert la voie :
À Arcueil (94), des tiers-lieux intergénérationnels accueillent des ateliers de couture, de cuisine, d’initiation numérique et d’échange de savoirs, ouverts à tous les âges.

À Villeneuve, des structures engagées comme celles précédemment citées pourraient amplifier leur impact si on leur en donnait les moyens en leur proposant aussi de s’intégrer à un projet partagé commun.

En créant une délégation d’élu dédiée

Un ou une élue pourrait être chargée de coordonner les actions intergénérationnelles, en lien avec les crèches, les écoles, les associations, les maisons de retraite, les assistantes maternelles, etc.

Le CCAS, le Conseil des sages et le Conseil municipal des jeunes pourraient naturellement y être associés.

Des projets concrets pourraient émerger : échanges entre enfants et résidents de maison de séniors, ateliers partagés, ou transmission de mémoire locale.
À Rennes (35), par exemple, le programme Mémoires de quartiers permet aux aînés de raconter l’histoire de leur quartier à des élèves, avec une restitution publique.

À Villeneuve, on pourrait imaginer des podcasts, des vidéos, des expositions, ou des promenades patrimoniales guidées par les anciens.

Des villes comme Chambéry (73) ou Lormont (33) ont développé avec succès des activités partagées : jardinage, cuisine, jeux, médiation animale, numérique… Des partenariats locaux avec la médiathèque, la Chartreuse, l’YMCA ou les maisons de retraite pourraient permettre de faire émerger ce type de projets ici aussi.

En organisant des événements festifs intergénérationnels

Le festival du Polar a récemment proposé un atelier philo et jeux réunissant jeunes et moins jeunes. C’est un bel exemple à valoriser et à étendre.

D’autres idées pourraient enrichir cette dynamique :

  • Fête des générations

  • Ciné-débats inter-âges

  • Olympiades ou défis numériques collaboratifs

  • Ateliers créatifs partagés

En favorisant l’habitat intergénérationnel

Plusieurs élus défendent depuis longtemps l’idée d’écoquartiers à Villeneuve sans jamais avoir été entendus. Cela pourrait intégrer des projets d’habitat intergénérationnel, non pas en augmentant l’empreinte foncière de plus en plus réduite, mais en remodelant ce qui existe selon un projet concerté pour avancer ensemble.

À Strasbourg, le programme Tous Résidents permet à des étudiants de vivre dans des résidences seniors en échange d’un temps d’animation ou d’entraide. Une belle manière de renforcer les liens et de répondre aux enjeux du logement et de l’isolement.

À proximité d’Avignon, où la présence étudiante est forte, un tel dispositif pourrait être étudié en concertation avec le Crous et intégré dans un projet porté par la collectivité, c’est à dire la commune et le Grand Avignon: une ouverture de solidarité entre les ainées et les nouvelles générations en faisant progresser, sans rien défigurer, la question épineuse du logement social puisque le logement étudiant en relève.

En s’appuyant sur des dispositifs départementaux

Un bel exemple est l’initiative du département du Gard quant à l’Aide à la Vie Partagée (AVP) qui est une nouvelle prestation destinée à favoriser l’accès à un mode d’habitat soutenant l’inclusion sociale des personnes âgées et des personnes en situation de handicap en leur permettant de contribuer au financement de leur projet de vie sociale et partagée. Dans ce cas, la prestation est individuelle mais versée aux personnes morales qui gèrent ces lieux de vie conventionnés par le Conseil départemental. Elle leur permet de financer le projet de vie partagée, afin d’accompagner la co-construction du «  vivre ensemble  » et de l’animer. Le déploiement de l’habitat inclusif est une priorité du Schéma départemental des Solidarités sociales 2022-2027; le département a lancé un appel à projet aux communes souhaitant mettre en place ce type d’habitat. 12 projets ont a ce jour été proposés et retenus sur diverses communes gardoises (Alès, Anduze, Beaucaire, Gagnières, Génolhac, Grau-du-Roi, Montaren‐et‐Saint‐Médiers, Nîmes, Vauvert, Saint‐Hilaire‐de‐Brethmas). Aucun sur notre commune.

En créant une instance de dialogue intergénérationnelle

Aujourd’hui, Villeneuve dispose d’un Conseil municipal des jeunes et d’un Conseil des sages. Pourquoi ne pas imaginer un Conseil intergénérationnel, réunissant ces deux instances ?

Il pourrait être consulté régulièrement sur les projets majeurs, et devenir un lieu d’expression des points de vue de toutes les générations. Ce serait un symbole fort d’écoute et de dialogue.

Une ambition collective à faire vivre

Ces propositions, bien sûr non exhaustives, mériteraient d’être explorées collectivement, avec l’ensemble des élus, les associations, les écoles, les bailleurs, les professionnels du social et de la santé, et les citoyens.

Favoriser les rencontres entre générations ne relève pas uniquement de l’aménagement. Il s’agit avant tout de créer des dynamiques humaines, transversales et durables.

C’est une belle ambition pour Villeneuve — et une promesse d’avenir partagée.

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